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Après la tournée de Trump, l'Europe face aux prédateurs - Tribune de François Heisboug *

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Les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki le 16 juillet 2018 - Reuters

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*François Heisbourg, conseiller spécial, Fondation pour la Recherche Stratégique

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L’Europe sait dorénavant à quoi s’en tenir s’agissant de la politique extérieure du Président Trump. Le sommet de l’OTAN à Bruxelles a mis en relief sa vision purement transactionnelle des rapports entre alliés ou supposés tels : payez, et en achetant au prix fort des armes américaines, ou nous partons. L’Alliance atlantique a été pendant près de 70 ans un ‘tous pour un, un pour tous’ hors normes dans l’histoire américaine et européenne. Dorénavant, nous retrouvons les partenariats précaires et révocables du monde d’avant la dernière guerre mondiale. Au Royaume-Uni, il a traité la Reine et la Premier ministre avec une désinvolture et un mépris indignes : dans le monde Trumpien, mieux vaut être concurrent voire ennemi que le plus proche des alliés. Là et ailleurs, Trump a souligné combien il cherchait à diviser l’Europe, l’Union européenne étant érigée en adversaire au même titre que la Chine. Enfin, la bilatérale avec le Président russe a été marquée par une complaisance qui fait trembler d’effroi les pays libérés de la tutelle soviétique.

Pour l’Europe, le drame ne fait que commencer. Pendant sept décennies, les Etats-Unis contribuaient à la protection de l’Europe face à l’URSS puis aux guerres des Balkans et du monde musulman. Cela n’allait pas sans tensions, avec le refus européen de participer à la guerre du Vietnam, la division de l’OTAN face à la désastreuse invasion de l’Irak ou les disputes récurrentes sur le partage du fardeau de la défense commune: mais à aucun moment, ni les Etats-Unis ni l’Europe –même au moment du retrait français des commandements militaires de l’OTAN-, ne mettaient en cause le devoir de solidarité. Non seulement, il n’est plus possible de compter sur l’unité euro-atlantique face aux prédateurs de l’Est et du Sud, mais l’Amérique de Trump devient elle-même et à sa manière un prédateur, brandissant la menace tant de la guerre commerciale que du détricotage d’une alliance qui n’existe déjà plus dans la tête de Donald Trump.

Dans ce monde transformé, l’Europe actuelle ressemble beaucoup trop à l’Empire chinois il y deux siècles : un ensemble économique, démographique, et même territorial de premier rang, mais n’ayant ni pu ni voulu acquérir les moyens de rester dans la course de l’innovation technique d’une part, de se présenter comme un acteur stratégique cohérent d’autre part. La tentation est alors forte de se dire que Trump ne fera que passer, qu’il a plus de 70 ans, que son instabilité psychologique et ses dangereux caprices précipiteront son départ, ou l’empêcheront d’être réélu. Outre que cela ne parait pas évident, l’élection de Trump correspond aussi à un retour du balancier américain, dont les mouvements sont le plus souvent longs et amples. De même, il est tentant de penser que la Russie s’assagira et que la puissante Chine restera lointaine : hélas, rien dans les propos et les politiques des Présidents Poutine et Xi ne permet de nourrir de tels espoirs. L’Union européenne est en train d’entrer dans la plus profonde crise de son histoire. Les responsables politiques français et allemands, et nombre de leurs partenaires européens, sont bien placés pour en prendre la mesure. Le temps est compté pour qu’ensemble ils réunissent les moyens politiques pour mobiliser leurs populations face aux prédateurs.   

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